Lola Shoneyin, Baba Segi, ses épouses, leurs secrets (octobre 2016)

Malgré ses études brillantes qui devaient lui assurer une vie autonome, Bolanle devient la quatrième femme de Baba Segi, un riche nigérian avide de conquêtes, de vingt ans son aîné. Son éducation vient bousculer les mesquineries et les cachotteries du ménage qui a déjà sept enfants ; c’est un vaudeville qui raconte l’effondrement des hypocrisies des traditions matrimoniales face aux progrès de la médecine et à l’américanisation de la culture nigériane : une farce du XIXe siècle, qui tourne vite à la tragédie.

L’humour est très théâtral, très classique aussi. La stupidité du « seigneur » et mari, la mesquinerie des co-épouses de Bolanle, donnent lieu à des portraits de caractères assez tranchés. La révélation des secrets des personnage arrive à un rythme régulier. Bref, la mécanique du comique et de la satire est en place et laisse peu de place à la subtilité ; le livre semble entièrement dévoué à la cause du progrès et de l’occidentalisation. Le choix paradoxal de Bolanle, vivre une vie humble et traditionnelle après une éducation moderne, est expliqué au cours du roman par un traumatisme inaugural, gardé secret, qui à lui seul condamne la société nigériane tout entière.

Au passage pourtant, on en apprend beaucoup sur les mœurs et le quotidien des zones rurales nigérianes. Comme chez Adichie, dont les discours m’ont convaincu de lire plus de littérature nigériane, il s’agit d’une encyclopédie romanesque. Shoneyin documente une vie en voie de disparition.

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Cette lecture valide 291 pages de littérature étrangère dans le cadre du challenge ABC, un jeu de lectures à contraintes du forum Livraddict.

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