Carole Martinez, La Terre qui penche (juin 2015)

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Dans l’espace littéraire contemporain, Carole Martinez est un cas à part. D’abord par son écriture, extrêmement poétique, faite de refrains, de métaphores, de licences. Ensuite par la saga romanesque qu’elle a commencée il y a maintenant neuf ans, que l’on pourrait appeler l’histoire muette des femmes et dont 2015 a vu paraître le troisième opus.

Le premier était Le Cœur cousu en 2007 : « Les douleurs muettes de nos mères leur ont bâillonné le cœur. Leurs plaintes sont passées dans les soupes : larmes de lait, de sang, larmes épicées, saveurs salées, sucrées. Onctueuses larmes au palais des hommes ! »

Le second, Du domaine des murmures (2011), faisait entendre la voix murmurée et emmurée d’une femme du XIe siècle préférant un religieux tombeau plutôt que le mari auquel son père la destine pour l’éternité.

Dans La Terre qui penche, qui se déroule deux siècles plus tard dans ce même « domaine des Murmures », Carole Martinez ajoute un -e aux murs masculins dressés par les hommes, pour rendre mure son héroïne : Blanche, petite fille de 11 ans dont le destin semble déjà tracé. Murissant et murmurant, elle vainc le déterminisme des adultes selon qui « les filles n’ont rien à dire » (p. 344).

Le roman est construit comme un dialogue lyrique entre la petite fille et sa vieille âme d’aujourd’hui, une image de l’autrice elle-même : « l’enfance est mon Moyen Âge à moi » (p. 366).

Un critique bien connu avait déploré, à la sortie du Domaine des murmures, les nombreux anachronismes de langue et l’absence de l’ancien français dans ce roman historique médiéval. Comme pour y répondre, Carole Martinez inclut dans les dernières pages toutes les chansons anciennes, dans la langue d’époque, qu’elle adapte en français moderne dans son livre. Elle les appelle ses « caroles » (qui sont une danse populaire médiévale) : et peut-être que sur ces vers on ne dansait pas de carole à l’époque, mais il s’agit surtout d’une signature discrète de Carole Martinez, qui veut que tout dans son livre lui soit propre.

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