Rita Mestokosho est Innue, c’est-à-dire indienne native de l’Est du Québec. La photographe Patricia Lefebvre l’a rencontrée lors de ses séjours chez les Innus. Les photographies de Lefebvre agrémentent, documentent et amplifient les poèmes de Rita Mestokosho. Le livre est enfin préfacé par Le Clézio, qui a reçu six ans plus tôt le prix Nobel de littérature.
Le Clézio admire dans ce recueil son naturel, sa simplicité, une écopoésie fluide et facile. Les mots de l’illustre préfacier sont ceux des amateurs de primitivisme au milieu du vingtième siècle : enfin une artiste non corrompue par la civilisation, une poésie en somme de « bon sauvage ». Je trouvais cette manière d’aborder le recueil quelque peu condescendante, voire insultante. Reste qu’il est difficile d’en dire plus lorsqu’on a lu le recueil. Les mots sont d’une simplicité élémentaire. On y lit des : « cultive l’amour et non la haine / la haine est comme une épine » (p. 29).
Le ton sentencieux sert souvent à Mestokosho pour repousser l’attraction que la civilisation occidentale, et le mode de vie des francophones, exercent sur ses semblables Innus : « Ne me dis pas que tu veux partir / quand tout autour de toi respire la vie » (p. 17). Jusqu’aux fleuves du plus profond du Québec, cette civilisation s’impose à elle : « Si je dois apprendre à vivre comme un Blanc […] / j’aimerais mourir au moins remplie de souffrances / comme une vraie Innue » (p. 87). Peuple mourant, écosystème mourant, le Grand Nord est la dernière ressource de vie authentique sur Terre : « Regarde le Nord comme ton dernier souffle / garde-le pour demain » (p. 95).
Non pas que Rita Mestokosho soit en conflit avec la langue française, langue d’origine de ces poèmes. Elle le dit dans une postface : « Je remercie le Créateur de m’avoir fait connaître cette langue française, et je remercie la Terre notre mère de m’avoir offert l’innu-aimun, ma langue maternelle » (p. 104). Certains poèmes sont donnés dans les deux langues. En utilisant un langage absolument rudimentaire et en donnant à lire de l’innu-aimun dans le texte, Rita Mestokosho parvient à donner l’illusion d’une familiarité du lectorat francophone avec le peuple Innu. Les photographies de Patricia Lefebvre n’y sont pas pour rien non plus.
Ailleurs : on peut trouver des extraits du recueil lus par Mestokosho elle-même sur Youtube, et son passage sur France culture.
Ca a l’air vraiment très intéressant, une culture et un peuple dont je ne connais sûrement que les innombrables stéréotypes,et je l’aurais noté si je n’avais pas lu que c’était de la poésie. 😥 (oui, je fais partie des gens insupportables qui n’aiment pas la poésie)
Si je le croise dans une librairie, je le feuilletterai sûrement par curiosité quand même, on ne sait jamais. Merci pour la découverte 🙂
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Il faut lire de tout pourtant, et même de la poésie même si en France elle a mauvaise presse ! Dans le monde anglo-saxon la poésie se lit autant que, mettons, les short-stories…
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Oui, j’ai bien remarqué que la poésie n’était pas très mise en avant… J’ai du mal à me sentir touchée par elle par contre, c’est mon gros problème. 😦 J’essaierai de faire des efforts !
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